Sylvie Tual
Peintre Samouraï
À propos
Le néant est vivant. Je le sais puisque c’est de là que je remonte mes tableaux.
C’est de cette onde obscure que surgissent mes peintures comme mes images de rêves, mes visions de méditation…
Ces surgissements offerts en vue de frapper ma conscience sont les rendez-vous les plus sûrs, les mieux amicaux pour me construire après la chute nécessaire.
Ils organisent mes cycles de destruction / création m’emportant vers un univers meilleur. Cet univers en développement crée ses propres règles. Il me choisit pour les tester dans mon humanité courante.
Dans ces profondeurs, vivent des créatures archaïques. Elles sont des guides pour aider les gens à ne plus être les sujets des esprits, à devenir indépendants. Et quand nous donnons une forme aux esprits, nous collaborons. Nous pouvons ré-écrire notre histoire propre, et peut-être construire un à venir adéquat.
Ma capacité à me rendre invisible m’aide à naviguer au-delà des apparences. Je suis celle qui dit. Celle qui montre. La solitude qui en découle est la pente qui me ramène à la Source pour de nouveaux surgissements.
En fait ceux qui aiment mon travail sont ceux qui reconnaissent étrangement ces visions pourtant familières qu’ils n’ont pas le temps d’aller chercher eux-mêmes à la banque collective d’images. En se les appropriant, d’abord par instinct, elles leur offrent avec le temps de discerner tranquillement ce que sans elles ils n’auraient peut-être pas vu en eux-mêmes.
De mon côté, dès que ça se présente, comme un stimulus vague ou ambigu, j’accepte ce que je vois jusqu’à ce que je le perçoive comme clair et distinct. Simultanément arrive le titre qui me fera marmonner : « C’est donc toi ! »
Depuis l’enfance je travaille ma tendance instinctive à trouver des formes familières dans des images désordonnées comme les nuages, les constellations, les rochers, les écorces…, à démasquer les fantômes à l’œuvre dans les interrelations…
Et parfois, l’image titrée est là avant que j’aie pu sentir se fendre la nuit.
Dans ces cas-là il est fréquent que je retourne le tableau afin de ne pas le voir pendant des semaines, trop sidérée pour être déjà reconnaissante de cette effraction divine. Néanmoins j’ai déjà foi que cette expérience immédiate de l'inconscient contient pour moi une aide profonde et un sens à la vie. Je veux m’y préparer. Alors je creuse en moi le chemin pour la rejoindre.
Pendant des années j’ai reconnu dans ces images surgies des profondeurs des évènements identitaires passés. Je menais l’enquête. Je tissais l’histoire.
Et parfois, comme si elles étaient une demande voire un avertissement, le travail ne pouvait avancer qu’en longeant prudemment les évènements en cours dans ma vie.
Le plus bel exemple de tableau prémonitoire est « Une affaire de famille » commencé en 2010 qu’il m’a fallu 14 ans pour terminer. Au vu de la violence qu’il dégageait dès son premier shot, je savais qu’il se passait quelque chose là. Mais quoi ? Tout y était. Mais je demeurais sourde, aveugle à cet endroit. Ça allait faire mal…
Après avoir traversé les flammes de l’enfer, début 2024 sur un brasier encore fumant je fus capable de voir et donc de résoudre ce tableau dans un deuxième et dernier shot
La longue très longue chute d’où je reviens semble m’avoir mise sur une pente nouvelle de création prospective. En effet, à voir mes tableaux récents je ressens toujours la même puissance de ce qui est dit, mais ma difficulté à leur donner un titre me convainc que je n’ai pas encore traversé leur champ d’expérience. C’est un nouveau langage. Un nouveau monde.
Alors mon nouveau mandat est de ne rassurer personne en ce terrain inconnu que je crée.
L’extérieur n’existe pas avant que le tableau y soit offert à son tour pour la raison qu’il contient une vérité inhérente qui regarde le collectif.